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L'utilisation d'antipsychotiques durant la grossesse et le risque de malformations congénitales


INTERET DE L’ETUDE

La fréquence du recours à des Antipsychotiques durant la grossesse a doublé au cours de la dernière décennie. Cependant, on sait peu sur leur sécurité d’emploi vis-à-vis du fœtus en développement, ce qui a soulevé des inquiétudes sur une association potentielle avec des malformations congénitales.

OBJECTIF

Examiner le risque de malformations congénitales en général et de malformations cardiaques en particulier chez les femmes ayant pris des antipsychotiques au cours du premier trimestre de la grossesse.

MATERIEL ET METHODE

Source des données : cette étude est une cohorte qui a porté sur un échantillon de 1 360 101 femmes enceintes inscrits à Medicaid , qui est un programme créé aux États-Unis afin de fournir une assurance maladie aux individus et aux familles à faible revenu et ressource, qui comprenait des données à partir du 1er Janvier 2000, au 31 Décembre 2010. La cohorte était constituée de toutes les grossesses qui ont donné lieu à des naissances vivantes pour lesquelles Medicaid couvert les dépenses de soins. Les femmes et les jeunes filles âgées de 12 à 55 ans devaient avoir une couverture par Medicaid 3 mois avant la date de leur dernière menstruation (début de la grossesse) à 1 mois après l'accouchement. Les nourrissons étaient tenus d'avoir une couverture par Medicaid pour les premiers trois mois de vie à moins qu'ils décèdent plutôt. Les femmes enceintes qui ont été exposées à un médicament tératogène connu au cours du premier trimestre (n = 8246) et les grossesses avec une anomalie chromosomique (n = 2550) ont été exclues.

Les antipsychotiques : L'exposition à l’antipsychotique a été défini par le faite que la femme enceinte soit au moins sous une prescription d’antipsychotique pendant les 90 premiers jours de la grossesse (premier trimestre), qui est considéré comme la période étiologiquement pertinente pour l'organogenèse. Les auteurs ont évalués les antipsychotiques classiques et atypiques, ainsi que les médicaments individuels les plus fréquemment utilisés, y compris Aripiprazole, Olanzapine, Quetiapine fumarate , Rispéridone, et Ziprasidone.

Les malformations congénitales : La présence de malformations congénitales a été défini selon la neuvième révision de la Classification Internationale des Maladies (CIM-9) concernant des patients hospitalisés ou diagnostiqués en ambulatoires , ce qui a défini 13 groupes de malformations spécifiques (du système nerveux central, de l'oreille, des yeux, des maladies cardiovasculaires, d'autres malformations vasculaires, respiratoires, fente labial, tractus gastro-intestinal, des organes génitaux, urinaire, musculo-squelettique, membres, ou autre).

RESULATS ET DISCUSSION

La cohorte comprenait 1 341 715 grossesses qui répondaient aux critères d'inclusion. Parmi ceux-ci, 9258 femmes (0.69%) étaient sous une prescription d’un AP atypique au cours du premier trimestre, et 733 femmes (0,05%) étaient sous un AP typique. l'AP atypique le plus fréquemment utilisé était la quétiapine (n = 4221), suivie par l'aripiprazole (n = 1756), la risperidone (n = 1566), l'olanzapine (n = 1394) et la ziprasidone (n = 697).

Dans l'ensemble, 32,7 pour 1000 naissances qui ne sont pas exposés à des antipsychotiques ont été diagnostiqués avec des malformations congénitales par rapport à 44,5 pour 1000 naissances exposées à des antipsychotiques atypiques et 38,2 pour 1000 naissances exposées à des antipsychotiques classiques.

Les analyses non corrigées ont suggéré un risque global accru de malformations pour les AP atypiques (risque relatif : 1,36), mais pas pour les AP classique (risque relatif : 1,17). Toutefois, après correction pour prendre en compte les facteurs de confusion, le risque relatif a été réduit et est passé à 1,05 pour les AP atypiques et à 0,90 pour les AP classiques. Les résultats concernant les malformations cardiaques se sont révélés être similaires. Il est intéressant de noter qu’une faible hausse du risque global de malformations (risque relatif : 1,26) et du risque de malformations cardiaques (risque relatif : 1,26) a été constatée pour la rispéridone. Le risque accru était indépendant des facteurs de confusion mesurés.

Les chercheurs ont signalé que cette étude avait plusieurs points forts, y compris sa grande taille. Elle comprenait 9258 femmes exposées à un antipsychotique atypique au cours du premier trimestre comparativement à 570 dans la plus grande étude disponible à ce jour.

CONCLUSION

Les données de cette grande étude suggèrent que l'utilisation d'antipsychotiques au début de la grossesse n'augmente pas de façon significative le risque de malformations congénitales en général ou de malformations cardiaques en particulier. Malgré que les résultats sont rassurants dans l’ensemble, la faible hausse observée du risque de malformations avec la rispéridone devraient être considérés comme un signal initial de sécurité qui exigera la confirmation dans d'autres études.

  • Dr Asmae Chekira
  • Service de psychiatrie
  • CHU Hassan II Fès
  • Le 30/10/2016

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