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Utilisation et intoxication à la marijuana chez les usagers quotidiens


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La marijuana est la drogue la plus largement utilisée dans le monde. La majorité des symptômes physiques et psychiques secondaires à son utilisation n’ont pas été rapportés à travers des études prospectives, comme c’est le cas pour toute étude comportementale, et aucune étude n’a présenté une description jour par jour de l’usage de la marijuana.

Cette étude a donc été menée afin de fournir une description détaillée prospective de l’usage quotidien de marijuana.

Pour ce faire, les auteurs ont recruté des usagers quotidiens de marijuana à travers différents types de publicités. Les critères d’inclusions le plus importants étaient l’âge supérieur à 18 ans, l’usage de la marijuana à raison de 5 à 7 jours par semaine, un score inférieur à 3 aux échelles de sévérité de la dépendance (Severity of Dependance Scales : SDS) pour la dépendance à l’alcool et aux drogues en dehors de la marijuana. Les participants remplissaient un questionnaire et appelaient un répondeur téléphonique automatique interactif tous les matins afin de rapporter les information les concernant pour le jour précédent. Aucun traitement n’a été administré au cours de l’étude, qui s’est étalée sur 84 jours.

L’étude a porté sur 142 participants qui ont été éligibles, consentants et compliants parmi 1131 répondants.

Au début de l’étude, les participants ont rempli un questionnaire précisant les données sociodémographiques et économiques et le niveau d’étude. Ils étaient également interrogés, aussi bien au début que tout au long de l’étude, sur leur mode, fréquence et variabilité d’utilisation du cannabis, ainsi que sur le degré d’intoxication. Les auteurs se sont aussi intéressés aux facteurs prédictifs d’une consommation de cannabis. Les participants ont ainsi été questionnés sur certains évènements à savoir : participation à une fête, weekend, binge drinking, intérêt pour le prix du cannabis, offre de cannabis, évitement du cannabis, voir quelqu’un en consommer, ou en consommer accompagné d’une autre personne, utilisation d’alcool. Il en était de même pour certains troubles mentaux: colère, anxiété, craving, tristesse, faim et troubles du sommeil.

Ainsi, les participants ont statué que leur utilisation moyenne de marijuana s’élevait à 6 jours par semaine, à raison de 4 fois par jour. Parmi eux, 11% ont rapporté l’utiliser pour des raisons médicales, 53% l’utiliser sous forme de joints et 51% en blunts. La plupart (63%) correspondaient aux critères de dépendance au cannabis selon le DSM-IV.

Le nombre moyen d’utilisation du cannabis était de 3 fois par jour avec 83% des participants qui consommaient 2 fois par jour et plus. La consommation était plus importante durant les week-ends par rapport aux jours de la semaine.

La quasi-totalité des participants utilisaient différents modes de consommation du cannabis, et les joints n’étaient pas la méthode la plus usitée. Ainsi, les participants ont utilisé les pipes et bongs avec une moyenne de 49% des jours, les blunts pour 33% des jours et les joints pour 16% des jours.

Concernant l’intensité de l’intoxication, la moyenne du score permettant de l’évaluer était de 3,8 sur une échelle de 0 à 6, avec absence d’intoxication pour 1% des jours de consommation et intoxication sévère pour 24% de ces jours. L’utilisation de blunts a été corrélée à une intoxication plus sévère.

La majorité des consommateurs effectuaient du binge drinking (71%) et consommaient du tabac (73%).

Les 15 variables explorées ont toutes été associées de façon significative au nombre de fois d’utilisation du cannabis. Toutefois, deux items sont les mieux corrélés : l’évitement du cannabis, voir quelqu’un en consommer et en consommer avec quelqu’un.

Les études dans la littérature suggèrent que le mode de consommation influence le degré d’intoxication. Ainsi, les blunts contiennent typiquement plus de cannabis que les joints ce qui pourrait expliquer leur association à une intoxication plus sévère.

Par ailleurs, la consommation de tabac est fortement reliée à celle du cannabis et serait, selon certaines études, associée à un faible taux d’arrêt du cannabis.

Les résultats de cette étude confirment également que les influences sociales sont proéminentes dans la détermination de la quantité de cannabis utilisée.

Les auteurs soulignent que cette étude, permet de mettre en valeur le fait que les consommateurs quotidiens de cannabis sont de gros consommateurs avec des intoxications fréquentes, et qui constituent un groupe qui doit être la cible d’interventions futures.

Dr Azzouzi Nada

Service de psychiatrie

CHU Hassan II Fès

Le 23/07/2014


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