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Plaques β Amyloïde, anxiété, et déclin cognitif dans la phase préclinique de la maladie d'Alzheimer. Une étude de cohorte prospective multicentrique.


AMYLOIDE BETA ANXIETY 1

La maladie d'Alzheimer (MA) est précédée d’une longue phase préclinique pouvant s’étaler sur des décennies, durant lesquelles les processus physiopathologiques se développent pour aboutir à l'apparition des symptômes cliniques. Bien que la présence de niveaux anormaux de plaques β-amyloïde (Aß) est associé à des taux plus élevés de progression de la déficience cognitive légère (MCI) ou de la démence. Peu d’études ont exploré les modérateurs potentiellement modifiables du déclin cognitif liés aux Aß, tels que l'anxiété et les symptômes dépressifs.

Les auteurs de la présente étude ont voulu tester l’hypothèse selon laquelle le statut Aß serait associé avec un plus grand déclin des fonctions cognitives, particulièrement pour la mémoire non verbale et ce même après ajustement aux facteurs de risques traditionnels du déclin cognitif, comme l’âge avancé, le QI bas et APOE ε4. Le résultat attendu étant que cette association est modulé par les symptômes de l’anxiété de telle façon à ce que les sujets Aß+ avec un niveau d’anxiété élevé souffriraient d’un déclin cognitif plus important que les sujet Aß+ avec bas niveau d’anxiété. Pour ce faire, les auteurs ont réalisé une étude de cohorte prospective en suivant 333 adultes âgés sains, dans les centres de recherche en milieu hospitalier avec quatre temps d’évaluation .

L’exploration du statut Aß s’est faite avec la tomographie par émission de positon (PET Scan). Un score du risque cardiovasculaire a été calculé en sommant, en fonction de leur présence, les critères d’HTA, de dyslipidémie, d’obésité, de tabac, de diabète, de taux élevé d’homocystéine et d’insuffisance rénale chronique. Les symptômes anxieux et dépressifs ont été évalués à l’aide de la HAD et les plaintes mnésiques subjectives explorées par le Memory complaint questionnaire. Enfin L’évaluation neuropsychologique conduite à T0, T1 (18 mois), T2 (36 mois) et T3 (54 mois) a exploré les scores composites de la mémoire verbale, de la mémoire visuelle, des fonctions exécutives, du langage, de l’attention et de la capacité Visio-spatiale. Ces sous scores ont permis de calculer un score cognitif global.

Sur le plan des résultats, 86,9 % de l’effectif initial ont pu terminer l’étude, soit 286 sujets. Les médianes du score de l’anxiété et de la dépression étaient respectivement de 2 et 4 pour l’ensemble de l’échantillon. La moyenne du score d’anxiété dans le groupe avec niveau élevé d’anxiété (n=136) était de 6,9 contre 2,3 pour le groupe avec bas niveau d’anxiété (n=194).

Les analyses statistiques ont objectivé un impact significatif du statut Aß sur les cognitions globales et la mémoire verbale, de l’anxiété sur les cognitions globales et du temps sur les cognitions globales dans toutes ses composantes sauf pour la capacité visio-spatiale.

Le statut Aß + au départ a été associée à une baisse significative de la cognition globale, de la mémoire verbale, du langage et des fonctions exécutives. Les symptômes d'anxiété élevés interféraient avec ces associations. En comparaison avec le groupe à faible anxiété Aß +, les pentes de déclin cognitif étaient significativement plus prononcée dans le groupe avec forte anxiété Aß +. Ces effets étaient indépendants de l'âge, du niveau d'éducation, du QI, du génotype APOE, des troubles de la mémoire subjective, des facteurs de risque vasculaire, et des symptômes dépressifs. En outre, les symptômes dépressifs et les plaintes de mémoire subjectives ne modèrent pas l'association entre Aß et le déclin cognitif.

Les résultats de cette étude mettent la lumière sur l'effet délétère des niveaux élevés de Aß sur la fonction cognitive dans le stade préclinique de la maladie d’Alzheimer. Ils suggèrent en outre que le niveau élevé d'anxiété potentialise l'effet des plaques amyloïdes sur le déclin cognitif à ce stade, conduisant à un déclin plus rapide dans plusieurs domaines cognitifs. Étant donné qu'il n’existe actuellement aucune thérapie ciblant les plaques amyloïdes et que les symptômes d'anxiété sont sensibles au traitement, ces résultats peuvent aider à la stratification du risque et à la gestion de la phase préclinique de la MA.

Dr. Berhili Nabil

Service de psychiatrie

CHU Hassan II Fès

Le 22/03/2015


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