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Mémoire du travail verbal dans la schizophrénie selon le Consortium sur l'étude de la génétique de la schizophrénie: Le rôle modérateur du statut tabagique et des médicaments antipsychotiques


MEMOIRE DE TRAVAIL TABAC SCZ 1

La mémoire de travail est définie comme la capacité de maintenir et de manipuler la représentation interne d'un stimulus en ligne.son atteinte est profonde et durable chez les patients atteints de schizophrénie et a été trouvé chez les parents de patients atteints de schizophrénie et les individus avec des caractéristiques schizotypiques .toute fois, les effets des caractéristiques démographiques et cliniques sur la mémoire de travail dans la schizophrénie sont mal compris.

Le taux élevé du tabagisme dans la schizophrénie est un constat important. En effet, Les métabolites de la nicotine et d'autres molécules dans la cigarette interagissent avec le système dopaminergique et augmente la libération de dopamine dans le système mésolimbique et le cortex préfrontal. Ainsi, les patients schizophrènes pourraient utiliser la nicotine comme automédication pour améliorer les déficits cognitifs ou d'autres symptômes cliniques.

Un autre point important est que les médicaments antipsychotiques interagissent avec les récepteurs de la nicotine dans le cerveau, et annulent ainsi tout effet potentiel de la nicotine sur la mémoire de travail. Cependant, l’interaction entre les médicaments antipsychotiques et le tabagisme sur la mémoire de travail dans la schizophrénie reste encore mal explorée.

Le but de la présente étude est d'étudier les modérateurs potentiels des troubles de la mémoire de travail verbale dans la schizophrénie à l’aide du Letter-Number Sequencing Test (LNS) avec de larges échantillons de patients et de sujets contrôle.

Dans cette étude, 1377 patients atteints de schizophrénie ou trouble schizo-affectif et 1037 sujets contrôles sains ont complété le LNS, ainsi que l’échelle d'évaluation du fonctionnement global (the Global Assessment of Function Scale GAF).

Des évaluations cliniques supplémentaires ont été réalisées pour les patients inclus comme : une version modifiée de l'échelle d'évaluation des symptômes négatifs (the Scale for the Assessment of Negative Symptoms SANS) et symptômes positifs (SAPS), la brève évaluation des compétences basées sur la performance de l'Université de Californie à San Diego (the Brief University of California San Diego Performance-based Skills Assessment UPSA) en tant que mesure de la capacité fonctionnelle, et l’échelle du fonctionnement du rôle pour le fonctionnement dans la communauté (the Role Functioning Scale RFS).

Les résultats des patients ont été moins bons que ceux des participants contrôles (mémoire de travail type verbal), et la différence a été plus prononcée dans la réorganisation dans le LNS.

Chez les patients : 730 étaient fumeurs alors que 577 n’ont jamais fumé, et ces derniers avaient de meilleurs résultats dans le réorganisation que les patients fumeurs.

Pour évaluer si les médicaments antipsychotiques étaient des modérateur potentiels, ils ont comparé les performances des quatre sous-groupes de patients en fonction de la prise de médicaments antipsychotiques : 105 patients prenant des antipsychotiques de première génération, 993 patients prenant des antipsychotiques de deuxième génération, 130 les patients prenant à la fois des antipsychotiques de première et de deuxième génération, et 149 patients ne prenant aucun médicament antipsychotique .l’analyse statistique a montré que les 4 sous-groupe avaient des performances similaires dans la première étape du test LNS qui consiste à répéter les chiffres et les lettres dans le même ordre présenté par l’examinateur ,cependant les patients ne prenant pas de traitement antipsychotique ont eu de meilleurs résultats dans la phase deux du même test qui est la réorganisation .

Le rendement dans le test LNS, chez les patients, était corrélé négativement avec le score global de l’échelle SANS et positivement corrélé avec UPSA total et RFS. Par ailleurs, le tabagisme modère d’avantage ces associations, en effet la performance dans les deux étapes du test LNS a été plus fortement associée aux symptômes cliniques et au fonctionnement dans le groupe non-fumeurs que dans le groupe fumeurs.

Donc les patients atteints de schizophrénie ont montré de moins bonne performances par rapport aux sujets contrôles sur LNS, et la différence était plus grande dans la deuxième étape du test (réorganisation), conformément aux résultats de la littérature.

Le tabagisme, mais pas l'histoire d’usage de substances, diminuerait les performances de la mémoire. Les patients qui sont actuellement fumeurs avaient des performances moins bonnes que les patients non-fumeurs, et cet effet était plus prononcé dans l’étape de réorganisation.

Les patients qui ne prennent aucun médicament antipsychotique ont montré de meilleures performances dans la réorganisation par rapport à d'autres groupes prenant des antipsychotiques.

Le tabagisme interagit avec les médicaments antipsychotiques, de sorte que l'effet négatif du tabagisme sur la performance de la réorganisation dans le LNS a été plus prononcée chez les patients prenant la première génération d’antipsychotiques. Enfin, une meilleure performance sur LNS a été associée à des symptômes cliniques plus bas et de meilleurs indices de fonctionnement dans la schizophrénie, mais plusieurs de ces associations étaient significativement plus faibles chez les patients qui fumaient.

Des études antérieures sur le tabagisme et la mémoire de travail dans la schizophrénie ont montré des effets bénéfiques du tabagisme en évaluant la performance avant et après abstinence.

Cette étude a plutôt étudié l'effet du statut tabagique sur la performance plutôt que les effets aigus de fumer une cigarette. L'association altérante du statut tabagique qu’on a trouvé dans cette étude t confirme les résultats dans des échantillons non-psychiatriques qui ont montré des effets néfastes du tabagisme chronique sur la fonction cognitive, y compris la mémoire de travail.

Les conclusions de cette étude sont conformes avec des études récentes ayant utilisé I ‘imagerie du tenseur de diffusion qui a montré une diminution de la substance blanche chez les patients schizophrènes fumeurs par rapport aux non-fumeurs dans plusieurs régions du cerveau, y compris les domaines liés à la mémoire de travail tels que le lobe frontal. Ainsi, l'effet bénéfique d’un apport aigu de nicotine, sur la cognition, dans la schizophrénie vue dans les études antérieures pourrait être dû à l’arrêt des effets secondaires de l’abstinence.

Ces résultats sont aussi en accord avec les études antérieures sur l'effet négatif des médicaments antipsychotiques sur la mémoire à court terme, mais il est possible que de meilleures performances chez les patients non traités pourrait être due à certaines caractéristiques personnelles (par exemple, ne nécessitant pas de médicaments) plutôt que l'effet direct de médicaments antipsychotiques.cet effet était plus lié au antipsychotiques de première génération dans ce travail d’où l’intérêt d’études antérieures pour expliquer les mécanisme de cet effet.

Nous avons également observé que les meilleures performances de mémoire de travail ont été associées à des indices plus élevés de fonctionnement social, ce qui est cohérent avec les résultats antérieurs sur la mémoire de travail comme un déterminant important du mauvais fonctionnement cognitif dans la schizophrénie, et ce lien semble atténué par la consommation chronique de tabac.

En résumé, les troubles de la mémoire de travail verbal était clairement présents et plus importants pour les patients qui fument actuellement. L'effet de l'usage du tabac interagit également avec les types de médicaments antipsychotiques : l'effet du tabagisme altérant la réorganisation a été plus prononcé chez les patients prenant des antipsychotiques de première génération. Les antécédents d‘usage de substances ne diminue pas les performances mnésiques à court terme type verbal. Des études explorant des sous-types plus spécifiques des taches de mémoire de travail au lieu d'une mesure relativement mondiale telle que le LNS pourront étudier les mécanismes sous-jacents à travers lequel ces modérateurs affectent les troubles de la mémoire et de leurs associations cliniquement importantes au fonctionnement au monde réel.

Dr Haouat Amine

Service de psychiatrie

CHU Hassan II Fès

Le 26/04/2015


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