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Les interventions pharmacologiques dans le traitement des effets aigus du cannabis: une revue de la littérature


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La consommation du cannabis a été associée à plusieurs problèmes psychologiques, comportementaux et sociaux, aigus et chroniques.

Dernièrement, des tentatives ont été faites pour mieux comprendre les mécanismes neurobiologiques sous-jacents des troubles dus aux cannabis et le fonctionnement du système cannabinoïde endogène. Il y a un intérêt croissant pour le développement de médicaments capables de réduire la morbidité et la mortalité de ces troubles. Parce que l'intoxication cannabique  est un problème majeur de santé publique avec une demande croissante d'interventions en urgence, l'étude des traitements pharmacologiques possibles qui pourraient aider à la gestion des effets aigus de l'usage du cannabis est d'une grande pertinence clinique et sociale.

Ce manuscrit comporte une étude bibliographique des interventions pharmacologiques pour le traitement des effets aigus du cannabis. La recherche d'articles a été réalisée à l'aide des bases de données en ligne PubMed, LILACS, et SciELO, en utilisant les termes suivants: cannabis, intoxication,  psychose, anxiété et traitement. La recherche a abouti à un total de 174 résultats.

Ont été inclus dans cette étude les articles publiés en anglais, espagnol ou portugais, sans limite de temps jusqu'à Octobre 2011, portant sur des échantillons humains.

Les résultats de cette revue de littérature ont montré que seuls dix articles ont été jugés pertinents pour cet examen. Les résultats ont été subdivisés en effets physiologiques et psychologiques du cannabis.

Effets physiologiques

Des effets cardiovasculaires, tels que les palpitations, sont parmi les résultats cliniques les plus connus dans l'intoxication au cannabis. L'utilisation du propranolol dans le contrôle de ces effets, proposé par Beaconsfield et al. (1972) a été évaluée dans un essai contrôlé par placebo. Sulkowski et al. (1977) ont observé que l'utilisation de ce médicament une heure avant l'utilisation de la marijuana atténuait significativement la survenue d'une tachycardie, ainsi que l'augmentation de la pression artérielle et l'hyperémie conjonctivale. Dans deux études réalisées par Huestis et al. (2001;2007), le rimonabant, (ou SR141716) a également été associée à une réduction de la tachycardie induite par le cannabis. Ce médicament est un antagoniste des récepteurs CB-1 des cannabinoïdes et a présenté ses effets à différentes doses (40 mg et 90 mg) administré deux heures avant l'utilisation de la marijuana. Bien que les deux médicaments étaient administré comme prétraitement dans ces études, il est possible qu'ils puissent être utilisés pour contrôler la tachycardie et l'hypertension artérielle dans l'intoxication au cannabis.

La survenue d'arythmies telles que la fibrillation auriculaire semble être observée avec l'utilisation des doses élevées. Des agents anti-arythmiques tels que la flécaïnide, la propafénone et la digoxine ont été utilisés avec succès.

Selon Fisher et al. (2005) [20], l'utilisation d'agents anti-arythmiques serait efficace chez des patients sans altérations cardiaques structurelles.

Rubio et al. (1993) ont décrit deux cas d'enfants admis dans un service d'urgence dans un état comateux avec une histoire clinique évocatrice d'intoxication cannabique et des tests de laboratoire positifs pour le cannabis. Les deux patients ont eu une récupération totale du niveau de la conscience après l'utilisation de flumazénil.

L'intoxication au cannabis entraîne rarement des déficiences respiratoires aiguës. L'approche thérapeutique appropriée dans ces cas nécessite des mesures drastiques qui incluent une assistance respiratoire et une gestion spécifique des altérations associées à une éventuelle acidose métabolique, infection, bronchospasme et agitation.

Effets psychiatriques

Dans l'analyse de la prise en charge pharmacologique des états psychotiques aigus induits par le cannabis, Berk et al. (1999) ont comparé les effets de l'olanzapine et l'haloperidol administrés pendant quatre semaines sans retrouver de différence statistique entre eux en terme d'efficacité.

L'utilisation de rimonabant à raison de 90 mg / jour administré deux heures avant l'utilisation du cannabis retrouve une réduction moyenne de 75% des symptomes reliés à l'intoxication au cannabis une heure après utilisation. Par la suite, le même groupe a testé le rimonabant dans deux protocoles distincts : une utilisation quotidienne pendant 15 jours à la dose de 40mg, et une dose unique de 90mg. L'adminitration journalière d'une faible dose de rimonabant (40 mg) a atténué les effets subjectifs aigus après 8 jours d'utilisation.

L'utilisation du propranolol à la dose de 120 mg conduit à la réduction des effets subjectifs de l'intoxication lorsqu'il est administré une heure après la consommation de cannabis.

Le cannabidiol (CBD), un constituant du cannabis sans les effets psychologiques typiques induits par les autres composés de la plante, a atténué de manière significative les symptômes anxieux et psychotiques induits par Δ9-THC (0, 5 mg / kg) chez des volontaires sains lorsqu'il a été administré simultanément à la dose de 1 mg / kg. Cependant, l'utilisation du cannabinoïde dans la pratique clinique en est encore à la phase expérimentale et exige une enquête plus approfondie.

Effets cognitifs

Une seule étude a évalué l'efficacité de l'intervention pharmacologique sur l'atténuation de la déficience cognitive liée à l'intoxication au cannabis. Sulkowski et al. (1977) ont étudié des effets du propranolol (120 mg) administré une heure après l'utilisation de cannabis avec une quantité contrôlée de THC. Leur étude ne retrouve aucune modification dans les performances des six volontaires soumis à des tests de psychomotricité, d'attention, de mémoire et d'apprentissage.

En conclusion, les preuves disponibles, quoique rares, suggèrent que le propranolol et le rimonabant sont de précieux outils dans l'arsenal thérapeutique pour la gestion de l'état physiologique et psychologique des effets de l'intoxication au cannabis.

  • Dr. Azzouzi Nada
  • Le 25/04/2013
  • CHU Hassan II f7S

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