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Effets secondaires des psychotropes et consultations aux urgences générales


En 2011, 28 millions d’américains ont reçu des prescriptions médicamenteuses pour des troubles psychiatriques. Un chiffre important qui s’accompagne d’incidents liés aux effets secondaires qui se retrouvent aux urgences générales et dont la prévalence et l’objet sont sujets de cet article qui rapporte une étude sur les effets secondaires enregistrés entre 2009 et 2011.

63 hôpitaux de la santé publique à travers les états unis ont participé à ce travail.

Ont été recrutés des cas chez les patients de plus de 19ans, avec un traitement pris sous prescription médicale non injectable. Les effets secondaires ont été catégorisés selon le mécanisme en jeu : réactions allergiques, effets indésirables et surdosages non intentionnels. Ont été exclues les utilisations abusives et les surdosages intentionnels.

De 2009 à 2011, ont été enregistrés 89094 cas. Cela représente 9,6% des cas d’incidents liés aux effets secondaires toutes médications confondues. Un taux d’hospitalisation enregistré de 19.3% (95%CI, 16.3%-22.2%) contre 25.3% (95%CI, 20.6%- 29.9%) pour les cas de médications non psychiatriques. La moitié des patients concernés avaient entre 19 et 45ans et 17% avaient plus de 65ans. Une prédominance féminine est notée avec 62% des cas.

Selon la classe des médicaments en cause, on note pour les sédatifs et les anxiolytiques 30 707 cas (95%CI, 23 406-38 008), 25 377 cas secondaires au antidépresseurs (95%CI, 19 051-31 704), 21 578 cas pour les antipsychotiques (95%CI, 16 599-26 557), les cas secondaires au Lithium représentent 3620 (95% CI, 2311-4928) et enfin les stimulants avec 2779 cas (95%CI,1764-3794). La prise en compte du nombre de prescriptions ambulatoires inverse la tendance avec à la première place le lithium et les antipsychotiques (respectivement 16.4 et 11.7 visites aux urgences pour 10 000 prescription ambulatoire). Les antipsychotiques classiques sont responsables dans 3 fois plus de cas que les antipsychotiques atypiques. Par contre si on prend en compte les classiques en dehors de l’haloperidol, on retrouve des taux proches des atypiques.

Selon l’âge, les patients entre 19 et 44ans ont surtout eu des incidents avec les antidépresseurs (30%) et antipsychotiques (31%). Entre 45 et 64ans et pour les plus de 65ans on trouve en tête les anxiolytiques et les sédatifs. Pour la catégorie de 19 à 44ans chez les femmes on incrimine les antidépresseurs alors que chez les hommes c’est les antipsychotiques en premier. Les hospitalisations concernent plus les patients âgés.

Un effet secondaire spécifique a été retrouvé dans 88% des cas. Les anxiolytiques et sédatifs ont été incriminés plus dans des altérations de la conscience. Ces mêmes molécules ont été retrouvées dans les chutes et traumatismes crâniens dans 70% des cas contre 30% pour le Zolpidem. Les ATD ont causé plus des troubles sensoriels type vertige. Les troubles de mouvement et les troubles spastiques ont été consécutifs aux antipsychotiques. Les cas de surdosages de lithium se sont manifestés par des troubles sensoriels et des palpitations.

Le travail rapporte des données importantes sur l’ampleur des effets secondaires dus aux médicaments psychotropes. Il insiste sur le fait que 10 médicaments sont surreprésentés dans les molécules en cause. Il insiste sur la survenue fréquente d’effets sensoriels dus au Zolpidem chez les patient âgés et revient sur la fréquence des incidents liés au antipsychotiques et discute leur utilisation parfois abusive dans les dépressions sévères, comme hypnotique, et dans les troubles anxieux.

La méthode de récolte des données qui recrute des patients demandeurs de soins aux urgences et la difficulté d’inclure les troubles métaboliques liés aux antipsychotiques constituent les limites du travail. Il n’inclue non plus les utilisations abusives. Le travail souffre aussi de la non prise en compte d’autres médications comme les anticonvulsivants largement utilisés en psychiatrie.

En conclusion l’article pointe l’importance d’évaluer les risques d’usage face aux bénéfices et d’instaurer une surveillance permanente. Il souligne également la mention des effets secondaires dans dans le DSM5.

  • Dr Bout Amine
  • Service de psychiatrie
  • CHU Hassan II Fès
  • Le 23/09/2014

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