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Effet du traitement anti-inflammatoire sur la dépression, Les symptômes dépressifs et les effets indésirables : Une revue systématique et méta-analyse des essais cliniques randomisés


ANTIINFLAMMATOIRES-ET-DEPRESSION-1

Des preuves convaincantes suggèrent que des sous-groupes de trouble dépressif majeur peuvent être associés à une maladie inflammatoire. Les résultats comprennent des niveaux élevés de cytokines, et une sensibilité accrue pour les maladies auto-immunes et infections. En outre, le traitement avec des agents pro-inflammatoires induit des symptômes de dépression. Ainsi, des études ont cherché à savoir si l'utilisation d’agents anti-inflammatoires pourrait améliorer la réponse au traitement antidépresseur.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), en particulier inhibiteur sélectif de la cyclooxygénase(COX-2) celecoxib, et inhibiteur de cytokine ont montré des résultats prometteurs dans des essais cliniques. Les AINS et les inhibiteurs de cytokines exercent des effets anti-inflammatoires en inhibant des cytokines pro-inflammatoires. Les inhibiteurs de cytokines agissent directement sur ces cytokines, alors que les AINS inhibent l'enzyme COX-2, qui est responsable de la production de cytokines.

Néanmoins, des effets significatifs observés dans des études de petits groupes appuient la preuve des effets antidépresseurs potentiels de traitement anti-inflammatoire. Deux méta-analyses récentes ont associé célécoxib en traitement adjuvant et AINS en monothérapie avec des effets antidépresseurs. Toutefois, ces méta-analyses ne comprennent pas une évaluation des biais potentiels pour les études incluses.

Les objectifs de ce travail étaient d'étudier l'effet antidépresseur du traitement anti-inflammatoire et d'évaluer d'éventuels effets indésirables de ces médicaments chez les adultes atteints de dépression. La méta-analyse visant à inclure toutes les preuves des essais cliniques qui ont étudié des agents anti-inflammatoire comme traitement de la dépression.

Seuls les essais cliniques randomisés contrôlés contre placebo ont été inclus dans la méta-analyse. Les auteurs ont évalué les études portant sur les patients des deux sexes âgés de plus de 17 ans. Les patients pouvaient avoir soit un diagnostic de dépression ou éprouver des symptômes dépressifs qui ne répondent pas aux critères de dépression.Les essais ont été inclus indépendamment des comorbidités. La dépression a été diagnostiquée selon les critères diagnostiques DSM IV et /ou en utilisant différentes échelles d’évaluation.

Les auteurs ont cherché les études publiées avant 31 décembre 2013, dans les bases de données Cochrane, PubMed, Embase, PsychINFO, et les sites web d’essais contrôlés et des articles de revues. En utilisant les termes suivants: trouble dépressif, la dépression ou des symptômes dépressifs en combinaison avec un anti-inflammatoire, agents anti-inflammatoires, anti-inflammatoires non-stéroïdiens, les AINS, acide acétylsalicylique, un inhibiteur de la cyclooxygénase 2, COX-2, les antibiotiques, le célécoxib, infliximab, étanercept ou la minocycline.

Les résultats primaires incluent une réduction significative des symptômes dépressifs mesurée sur une échelle continue à la fin de traitement ; réponse aux traitement jugée par une réduction de 50 % de la sévérité de la dépression ; les effets indésirables graves, y compris gastro-intestinaux et d'événements cardiovasculaires pour les AINS et les infections pour tous les autres médicaments ; et la rémission de la dépression de patients jugée par l’échelle de dépression Hamilton score <7 la="" fin="" de="" l="" intervention="" p="">

Les risques de polarisation des essais cliniques randomisés inclus étaient évalués, sur la base des recommandations du manuel Cochrane pour les examens systématiques des interventions et des études méthodologique.

Comme résultats, dix publications sur 14 essais ont été inclus (6262 participants): 10 essais ont évalué l'utilisation de médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (n = 4258) et 4 ont étudié des inhibiteurs de cytokines (n = 2004).

L'estimation de l'effet groupé suggère que le traitement anti-inflammatoire réduit les symptômes dépressifs par rapport au placebo. Cet effet a été observé dans les études incluant des patients avec dépression catégorisée et ceux avec des symptômes dépressifs.

Parmi les six études rapportant les effets indésirables, les auteurs n’ont pas trouvé aucune preuve d'une augmentation d’effets secondaires gastro-intestinaux ou cardiovasculaires après six semaines ou des infections après 12 semaines de traitement anti-inflammatoire par rapport au placebo. Tous les essais ont été associés à un risque élevé de biais en raison de la validité interne potentiellement compromise.

L'hétérogénéité des études n’était pas expliquée par des différences dans les critères d'inclusion dépression clinique vs symptômes dépressifs ou l'utilisation d’AINS vs inhibiteurs de la cytokine.

Cette présente méta-analyse est la plus grande étude sur le traitement anti-inflammatoire pour les symptômes dépressifs à ce jour, combinant les données sur l'anti-inflammatoire en monothérapie ou en traitement adjuvant.

Quatorze essais cliniques randomisés avec un total de 6262 patients ont été évalués. Les anti-inflammatoires ont montré un effet bénéfique sur les symptômes dépressifs. Cependant, cette estimation a été associée à un haut niveau d'hétérogénéité. Le type de dépression, les comorbidités somatiques, et le type de médicament ou de traitement (monothérapie ou traitement adjuvant) n’explique pas les différences notées. Les AINS ont été associés à un meilleur effet antidépresseur en général, avec 9 des 10 essais favorisant ces derniers.

Les conclusions sur les propriétés antidépressives des anti-inflammatoires ont été contradictoires pour certains auteurs. Des études ont suggéré que les AINS n'ont pas influencé l'efficacité clinique des antidépresseurs. Toutes les études randomisées ont souligné l’effet antidépresseur du célécoxib dans les 6 à 8 premières semaines du traitement antidépresseur. Cette période suggérée peut être plus prononcée chez les patients avec une augmentation de marqueurs pro-inflammatoires.

Des preuves irréfutables suggèrent une association entre la dépression et l'inflammation, mais aucun lien de causalité avec un marqueur spécifique de l'inflammation tel que CRP, a été établi. La recherche devrait identifier des marqueurs et les mécanismes cellulaires sous-jacents a fin d’identifier des sous-groupes qui pourraient bénéficier d'un traitement anti-inflammatoire ou potentiellement des nouveaux médicaments antidépresseurs avec un effet ciblé sur l'inflammation.

  • Pr Chadya Aarab
  • Service de psychiatrie
  • CHU Hassan II
  • Le 25/12/2014

 


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