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Effet de la dépression et du diabète sucré sur le risque de démence : Une étude de cohorte nationale


DEPRESSION DAIBETE DEMENCE

Le diabète sucré et la dépression majeure sont très fréquents chez les populations occidentales. Diabète de type 2 survient dans environ 8% à 14% de des populations occidentales, tandis que environ 25% des femmes et 16% des hommes auront un épisode dépressif majeur au cours de leur vie. Alors que 20% des personnes atteintes de diabète de type 2 ont une comorbidité dépressive.

Une méta-analyse récente a établi un lien bidirectionnel entre la dépression et le diabète. Les patients souffrant de dépression comorbide avec diabète ont une mauvaise adhésion aux mesures de contrôle du diabète de façon générale; régime alimentaire, sevrage tabagique, exercice physique et prise des médicaments. La dépression est également associée à des niveaux élevés de cortisol, dysrégulation du système nerveux autonome, et inflammation accrue, ce qui aggravent le contrôle glycémique. Par conséquent, les patients atteints de comorbidité dépression et diabète ont un risque accru de complications micro et macrovasculaires et de mortalité.

Bien que la dépression et le diabète de type 2 peuvent indépendamment augmenter le risque de démence, aucune étude n'a examiné si le risque de démence chez les personnes souffrant de dépression comorbide et diabète est supérieur à l’effet additif de chaque exposition individuellement.

L’objectif de cette étude est d’examiner le risque de démence toutes causes chez les personnes souffrant de dépression, diabète, ou les deux par rapport aux sujets témoins sans ces facteurs de risque. Les auteurs ont aussi examiné si l'âge (

Les auteurs ont réalisé une étude de cohorte basée sur la population utilisant les données du système danois de l'état civil. Ce registre comprend des informations sur le sexe et le mois de naissance avec des mises à jour depuis1968.

Les diagnostics dans les registres sont classés selon la version danoise de la classification internationale des maladies, huitième révision, avant le 1er Janvier, 1994. Plus tard les diagnostics ont été classés selon la CIM 10.

L’étude a inclut tous les individus qui étaient âgés de 50 ans ou plus du 1er Janvier 2007, jusqu'au 31 Décembre 2013, nés au Danemark, sans démence. Les auteurs ont suivi l’échantillon jusqu'au 31 Décembre 2013, pour assurer la validité maximale des diagnostics de démence.

Les principales variables indépendantes d'intérêt étaient la présence de la dépression, diabète, ou la dépression associée au diabète. Les personnes souffrant de dépression ont été identifiés par un diagnostic de dépression fait par un psychiatre ou par l’achat d'au moins une ordonnance comportant un antidépresseur en utilisant les données du Centre de recherche psychiatrique danois ou le Registre national danois de prescription. Les personnes diagnostiquées comme ayant un diabète du 1er Janvier 1990, jusqu'au 31 Décembre 2013, ont été identifiés à travers le Registre national du diabète.

De même, toutes causes de démence ont été identifiées en utilisant les données du Registre national danois, le Centre de recherche psychiatrique et le registre national de prescription.

Comme résultats, les auteurs ont suivi une cohorte de 2 454 532 personnes pour un total de 13 834 645 années-personnes, dont 477 133 (19,4%) ayant reçu un diagnostic de dépression, 223 174 (9,1%) avec un diagnostic de Diabète, et 95 691 (3,9%) diagnostic de dépression comorbide avec diabète. L'âge moyen au moment du diagnostic initial de diabète était de 63,1 ans (SD, 12.0); pour la dépression, l'âge moyen était de 58,5ans (SD, 13,5 ans).

Au cours de la période d'étude, 59 663 personnes (2,4%) ont développé une démence. L'âge moyen au premier diagnostic de démence était de 80,9 (SD 8,7), années. Parmi les participants qui ont développé la démence, 15 729 personnes (26,4%) souffraient de dépression seule, 6466 (10,8%) avaient un diabète seul, et 4022 (6,7%) souffraient de dépression et diabète associés.

En comparaison avec les sujets témoins, le diabète seul a été associé à un risque accru de 20% pour toutes les causes de la démence (HR, 1,20 [IC à 95%, 1.17 à 1.23]); la dépression seule, a été associée à un risque de 83% plus élevé (HR, 1,83 [IC 95%, 1,80 à 1,87]); et en cas de comorbidité dépression et diabète, le risque atteint 117% (HR, 2,17 [95% CI, 2.10 à 2.24]) après ajustement pour l'âge, le sexe, la période civile, et l'état matrimonial.

Ce risque élevé pour toutes les causes de la démence observé pour les personnes ayant comorbidité dépression et diabète dépasse individuellement le risque additif associé à chaque trouble, en particulier pour les personnes de moins de 65 ans ( HR 4,84, [IC 95%, 4,21 à 5,55]).

Dans cette étude, le diabète et la dépression étaient associés à un risque accru de survenue de démence, et l'effet combiné des deux troubles apparait plus qu'additif, en particulier chez les personnes plus jeunes.

Des études antérieures ont montré que les patients souffrant de dépression en comorbidité avec un diabète sont plus jeunes que ceux avec un diabète seul et ont été diagnostiqués comme ayant un diabète environ 5 ans auparavant. En outre, la dépression survenant tôt dans la vie pourrait être un facteur de risque pour le développement de diabète de type 2.

Étant donné que la dépression chez les patients atteints de diabète est associée à une mauvaise adhésion aux soins et au régime alimentaire, et vu aussi les changements défavorables psychobiologiques, ce jeune groupe avec la dépression et diabète associés peut être vulnérable à développer une démence plus tard dans la vie.

Une récente cohorte prospective sur 1433 personnes adultes avec diabète a constaté que le traitement effectif du diabète et la dépression avec un régime alimentaire bien conduit, diminuent de 20% l’incidence de démence.

Compte tenu des charges de la société de plus en plus de maladies chroniques, de plus amples recherches sont nécessaires pour élucider les mécanismes physiopathologiques reliant la dépression, diabète, et les effets conséquents comme la démence et de développer des interventions visant à prévenir ces complications redoutées.

Dr Aarab Chadya

Service de psychiatrie

CHU Hassan II Fès

Le 26/06/2015


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