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Les origines des déficits cognitifs chez les enfants victimes de violence: Implications pour les neurosciences et les cliniciens paru dans American journal of psychiatry April 2017


 

Introduction

Des déficiences des  fonctions cognitiives chez les enfants victimes de violence  ont été rapportées dans la littérature. Il est biologiquement admis que l'exposition à des facteurs de stress extrêmes, tels que la violence, pourrait endommager les fonctions cognitives , en particulier pendant les périodes de développement de la  plasticité cérébrale. Toutefois, la signification clinique, la reproductibilité et la causalité de ces résultats sont contestées. Les auteurs ont utilisé les données de deux grandes études de cohorte pour répondre directement à ces questions de recherche.

Méthodes

Dans ce travail, les auteurs ont cherché l'association entre le fait d’être victime de violence à l’enfance et le déficit des fonctions cognitives. Pour cela ils ont utilisé les résultats deux études : la première c’est E-Risk,  faite aux Royaumes-Uni avec  2 232 participants, et la deuxième c’est  le  Dunedin faite au néo-zélande avec 1 037 participants. Au niveau de  ces deux études,  les enfants   ont été suivis depuis leur naissance Jusqu'à 18 ans pour la première étude et un suivi de 38 ans pour la deuxième étude. Des tests multiples de la victimisation et de  la cognition ont été réalisés.

L'exposition des enfants qui ont participé  à plusieurs types de violence a été évaluée à l’âge de  5, 7, 10 et 12 ans, les types de victimisation recherchés étaient : la violence  entre la mère et son Partenaire, harcèlement fréquent par les pairs, maltraitance physique par un adulte, abus sexuel, abus émotionnel  et la négligence physique.

Les test cognitifs réalisés  étaient le WISC-R , WAIS-IV  ces deux tests pour mesurer le quotient d’ intelligence ; puis les tests : rapid visual ; spacial working ; spacial span .

Les tests cognitifs dans l'E-Risk Study ont été faits à  l’ âge de 5, 12 et 18 ans. Et pour l’étude dunedin ils l’ont réalisé à l’ âge de 3 ans, 11-13 ans et 38 ans .

Résultats

Les enfants exposées à la violence   ont eu des déficiences  dans de nombreuses fonctions cognitives, y compris l'intelligence générale, la fonction exécutive, la vitesse de traitement, la mémoire, le raisonnement perceptuel et la compréhension verbale à l'adolescence et à l'âge adulte.  Les enfants avec une histoire de violence  entre 5 et 12 ans avaient un score de test de QI plus faible à 12 ans par rapport aux enfants  qui n’étaient pas victimes. Ces résultats ont été reproduits dans des analyses axées sur chacune des spécificités de la violence. Par exemple, ils ont trouvé un QI inférieur à 12 ans chez les enfants qui avaient été maltraités physiquement ou négligés. Ensuite, ils ont  testé si la victimisation chez les enfants avait des effets tardifs («sommeil») sur le QI chez les jeunes adultes. Les enfants qui ont connu une violence entre 5 et 12 ans avaient un QI inférieur à 18 ans et à 38 ans par rapport aux enfants sans histoire de violence.  Les enfants qui ont subi une poly-victimisation entre 5 et 12 ans ont eu plus de mal aux tests des fonctions exécutives à l'âge de 18 ans et à 38 ans.  Des résultats similaires sont apparus  lorsqu’ils sont concentrés sur les types spécifiques de victimisation

Discussion

Ils ont constaté que les déficits cognitifs précédemment décrits chez les personnes ayant des antécédents de victimisation à l’enfance s'expliquent en grande partie par des vulnérabilités cognitives préexistantes. Les résultats renforcent la preuve des déficits cognitifs chez les individus ayant des antécédents de victimisation à l’enfance  et contestent fortement l'interprétation causale conventionnelle. Conformément aux recherches antérieures, ils ont  constaté que les adolescents et les adultes ayant une histoire de victimisation à l’ enfance ont des déficits omniprésents dans des fonctions cognitives cliniquement significatives, y compris à la fois l'intelligence générale et des fonctions exécutives, la vitesse de traitement, la mémoire, le raisonnement perceptuel et la compréhension verbale. Bien que les modèles animaux montrent que le stress au début de la vie peut avoir un effet sur la fonction du cerveau, des études humaines, telles que celles rapportées ici, sont nécessaires pour vérifier si les expositions du monde réel, telles que la victimisation chez l'enfant, affectent généralement les fonctions cognitives.

 

Dr Mounir Jaafari

Service de psychiatrie

CHU Hassan II Fès

Le 30/04/2017


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