Le syndrome maniaque
Introduction
La manie : c’est un état d’excitation psychique caractérisé par une exaltation de l’humeur à tonalité euphorique, caractérisée par une tachypsychie avec fuites des idées et une hyperactivité motrice.
C’est un dérèglement des fonctions psychiques dans un sens oppose à celui du syndrome dépressif. Il associe des signes thymiques, cognitifs, moteurs et somatiques
Intérêt : On le rencontre dans le cadre de trouble bipolaire et dans plusieurs pathologies organiques.
Description clinique : Forme typique
Mode de début
- Soit accès maniaque pouvant succéder à une phase dépressive, après un virage maniaque (au cours d’un traitement antidépresseur) ou spontanément.
- Soit accès maniaque inaugural : Brutal et sans prodrome ou progressif.
Signes cliniques
- Présentation :
- Tenue très entretenue attirant couleur vive, extravagante, parfois ridicule, débraillée.
- Visage : mobile, vif, hypermimie, grimaces.
- Contact : familier, superficiel, ludique avec ironie , moquerie et jeux de mots.
- Langage : logorrhée, chante facilement, spontanément ou après stimulation, parle fort, voix enrouée, propos rapides, la phrase sort rarement terminée.
- Signes thymiques :
- Le patient est joyeux, euphorique, éprouve un bonheur intense (expansivité de l’humeur), les stimulations de l’environnement trouvent en lui un écho affectif intense (hyperesthésie affective), il se sent en communication étroite avec ce qui l’entoure et réagit immédiatement (hyper syntonie).
- Parfois l’euphorie est entrecoupée de moments de tristesse, traduisant une labilité de l’humeur, on observe aussi une agressivité qui peut rester seulement verbale.
- Signes cognitifs :
- Les idées se bousculent dans la tête du patient, à un rythme accéléré (tachypsychie), en ne gardant qu’un lien logique très relâché (fuite des idées ).Le patient a l’impression que ses facultés intellectuelles sont accrues, ainsi que sa mémoire (Hypermnésie), sur le plan verbal on a une production rapide (logorrhée ou graphorrhée) .
- L’attention ne se fixe pas, ou plutôt attirée par les sollicitations de l’environnement (distractibilité). Le contenu de la pensée et des propos révèle que le patient à une vision exagérément en lui-même, du monde (surestimation de soi, optimisme, projets irréalistes, idées mégalomaniaques).
- Signes moteurs et comportementaux :
- L’hyperactivité motrice est constante. Le maniaque ne reste pas en place, accomplit de multiples démarches, visites….. De façon désordonnée, précipitée sans but précis. Cette agitation stérile s’accompagne de désinhibition (recherche des contacts sociaux, exhibitionnisme, relâchement des censures) et d’achats inconsidérés. Ces derniers peuvent justifier une mesure de sauvegarde de justice.
- Signes somatiques :
- L’insomnie sans fatigue ressentie est très caractéristique. L’hyperactivité se complique d’amaigrissement et d’une élévation de la température avec une aménorrhée, déshydratation, tachycardie et l’hypotension.
Formes cliniques
- Syndrome hypomaniaque : Aussi fréquente, c’est une forme atténuée de manie, dont on retrouve tous les signes mais de façon mineure, ce qui permet au sujet de conserver une relative adaptation.
- Syndrome maniaque délirant : Lorsque l’état maniaque s’accompagne d’un délire dont le thème est la mégalomanie (lié à l’humeur expansive), délire de filiation, érotomanie, et parfois indépendant de l’humeur euphorique (persécution, hypochondrie influence). Les mécanismes sont surtout intuitifs et imaginatifs, fréquemment interprétatifs, rarement hallucinatoires.
- Syndrome de fureur maniaque : Le tableau est dominé par l’agitation, l’agressivité ; La violence .Ces formes sont de mauvais pronostic, elles ne sont pas traitées.
- L’état mixte : C’est la coexistence assez stable dans le temps de symptômes maniaques et dépressifs, qu’il faut distinguer de la versatilité de l’humeur observée lors des états maniaques
- Syndrome de manie confuse : A l’excitation s’ajoute une perte des repères spatio-temporels. Ce signe doit faire rechercher une étiologie organique.
Formes étiologiques
- Psychose maniaco-dépressive : L’accès manique typique et l’hypomanie se rencontrent essentiellement dans cette maladie, où ils alternent avec des phases dépressives.
- Origine toxique et médicamenteuse, maladie organique :Les produits souvent en cause sont les antidépresseurs, mais ne sont pas seuls. Plusieurs toxiques peuvent entraîner un état d’excitation : L’alcool, cocaïne, les amphétamines les hallucinogènes et corticoïdes.
- Les épisodes sont habituellement brefs, accompagnes d’éléments confusionnels.
- Les atteintes frontales, quelle en soit l’origine (tumorale, vasculaire, infectieuse, dégénérative) entraînent parfois un syndrome d’excitation.
- Les maladies endocriniennes
Démarche diagnostique
- Diagnostic positif :
- Expansivité de l’humeur
- L’hyperactivité motrice
- Tachypsychie
- Insomnie, permet établir le diagnostic ; l’intensité des symptômes et les autres signes de préciser la forme clinque.
La tétrade symptomatique :
- Diagnostic différentiel :
- La bouffée délirante aigue : marquée par des fluctuations de l’humeur et un délire polymorphe.
- Dans les états catatoniques peut s’observer une fureur sous la forme de décharges motrices violents et incontrôlables.
- Les autres états d’agitation.
Conclusion
- Le syndrome maniaque est rencontré dans plusieurs pathologies organiques et psychiatriques, et nécessite une prise en charge adéquate
- L’accès maniaque typique et l’hypomanie rencontrés dans la maladie bipolaire ont une évolution épisodique
