Association de la vitamine B12, acide folique et acides aminés soufrés et volume cérébral chez les personnes âgées


Introduction

La vitamine B12 et l'acide folique sont étroitement liés au métabolisme de l'homocystéine, un acide aminé non essentiel contenant du soufre. L'insuffisance de l'une de ces vitamines peut entraîner une augmentation des concentrations d'homocystéine. Des niveaux élevés de l'homocystéine et de faibles niveaux de vitamine B12 et l'acide folique sont fréquents chez les personnes âgées et sont associés à une variété de troubles, y compris les maladies cardiovasculaires et cérébro-vasculaires. En outre, ils peuvent modifier la structure du cerveau à travers plusieurs mécanismes.

Chez les personnes âgées, l'atrophie cérébrale est associée au diagnostic de la démence.

Holo-transcobalamine ( holoTC ), est la fraction biologiquement active de la vitamine B12 , peut être un marqueur plus sensible que la vitamine B12 .

L'effet potentiel de la vitamine B12, folate, et Acides aminés soufrés sur les changements structurels du cerveau est d'une grande importance parce qu'ils sont des facteurs modifiables, et donc une cible potentielle à considérer dans les interventions préventives .

Objectif

Le but de cette étude était d'analyser les associations de vitamine B12 , de l'acide folique des globules rouges et des acides aminés soufrés avec des changements sur plus de six ans du volume cérébral et de l'hyper-intensité du volume total de la substance blanche mesurés par la récupération d'inversion de fluide atténué dans une cohorte de personnes âgées sans supplémentassions en acide folique .

Matériels et méthodes

C'est une étude prospective basée sur un échantillon de personnes âgées de 60 ans ou plus pris au hasard qui vivent soit à la maison ou dans une institution. L'échantillonnage est stratifié par groupe d'âge. Les évaluations ont lieu à des intervalles de 6 ans pour les cohortes plus jeunes (60 ans, 66, 72, et 78 ans) et à des intervalles de 3 ans pour les cohortes plus âgées (81 ans, 84,87, 90, 93, 96 et ≥99 ans).

Au départ et à chaque suivi , les participants ont subi un examen approfondi,  examen clinique, entretien, et les évaluations sont fait par un médecin, une infirmière et un psychologue. Les données sur les caractéristiques sociodémographiques, les antécédents médicaux, l'usage de drogues, et la fonction cognitive ont été recueillies selon un protocole structuré, et le diagnostic de la démence était posé selon les critères du DSM –IV.

Les données sur la  supplémentation vitaminique ont été recueillies auprès des participants et vérifiées en inspectant les prescriptions médicamenteuses.

La tension artérielle a été mesurée deux fois en utilisant le bras gauche du participant après avoir été assis pendant 5 minutes.

L'IRM cérébrale a été réalisée au début et ensuite tous les 3 ans pour la cohorte plus âgée  et chaque 6 ans pour l'ensemble de la cohorte. Les Analyses biochimiques ont été faites au départ.

Les caractéristiques de base des personnes qui ont participé au suivi par IRM ont été comparées à ceux des sujets contrôles.

Résultats

L'étude a montré que des niveaux plus élevés de vitamine B12 et holoTC étaient liées à une diminution du taux de la perte de volume cérébral, tandis qu'un niveau élevé d'homocystéine a été associé à une augmentation du taux de la perte

Aucune association n'a été trouvée entre le taux de vitamine B12,  de folate, ou d'acide aminé soufré et le changement du volume de la substance blanche.

Les résultats suggèrent que la concentration de  l' homocystéine peut  exacerber l'effet délétère de l'hypertension sur la substance blanche. Cependant, aucune association entre les niveaux de l'homocystéine ,de l'acide folique, ou de vitamine B12 et la progression des lésions de la substance blanche sur 2 ans n'a été observée dans l'étude SCOPE , qui comprenait 80 personnes ayant une hypertension.

Des niveaux élevés d' homocystéine ont été associés à un dysfonctionnement endothélial, une activité affaiblie de l'oxyde nitrique ,de  l'athérosclérose ,et à une augmentation du risque cardiovasculaire général et des événements cérébrovasculaires, ce qui peut augmenter le risque du vieillissement du cerveau et le déclin cognitif, ainsi qu'un niveau élevé de l'homocystéine totale peut potentialiser la génération de peptide  β - amyloïde et son neurotoxicité ou favoriser la formation de plaques  neurofibrillaires à travers plusieurs mécanismes , ce qui donne une augmentation du taux de l'atrophie cérébrale. Alternativement, les effet protecteurs de la vitamine B12 peuvent être médiés par la S-adenosyl-methionine qui est le donneur de groupe méthyle primaire dans de nombreuses réactions biochimiques impliquées dans les fonctions cérébrales normales ,y compris la production de phospholipides de la membrane cellulaire ,la myéline , les neurotransmetteurs monoaminergiques et les acides nucléiques. La carence en S- adénosyl-méthionine peut être liée à des dommages de la substance blanche et à l'atrophie du cerveau.

Dans cette étude, des niveaux élevés de homocystéine ont été associés à la fois transversalement et longitudinalement avec la perte de volume cérébral. En revanche, on n'a pas observé une association transversale avec la vitamine B12 ou l'holoTC. Il peut être possible que la vitamine B12 a besoin d'un temps plus long pour modifier la structure du cerveau.

Les résultats ont montré une association entre vitaminB12 et holoTC avec le changement de volume cérébral sur plus de 6 ans, ce qui suggère que les personnes qui ne sont pas déficientes en vitamine B12, mais ont des niveaux de vitamine B12 à la limite inférieure de la normale peuvent bénéficier d'un traitement de vitamine B12. Un  essai clinique  a montré que le traitement vitaminique B12 des personnes ayant des troubles cognitifs légers ralentit nettement l'atrophie cérébrale de ceux ayant des taux élevés d'homocystéine et des niveaux normaux de la vitamine B12.

Conclusion

La Vitamine B12 et l'homocystéine pourraient être des facteurs prédictifs indépendants des marqueurs de vieillissement cérébral chez les personnes âgées sans démence.

Les études futures devront étudier en plus de détail les mécanismes sous-jacents possibles. Toutefois, si l'association est causale, la supplémentation en vitamine B peut être efficace pour la prévention des lésions cérébrales dues à l'augmentation des niveaux de l'homocystéine. Des essais cliniques randomisés de manière adéquate sont nécessaires pour déterminer les directives de traitement efficace.

  • Dr Hammamni Zakaria
  • Service de psychiatrie
  • Hopital Militaire de Meknès
  • Le 27/06/2016

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